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Bégaiement de l’enfant : comment avoir la bonne attitude pour l’aider ?

Bégaiement de l’enfant : comment avoir la bonne attitude pour l’aider ?

Ce trouble de la parole, qui apparaît le plus souvent entre 2 et 5 ans, n’est pas une fatalité puisqu’il disparaît spontanément dans 4 cas sur 5. Il est important pour les parents d’avoir la bonne réaction pour éviter que le bégaiement s’installe et pour aider leur enfant quand il persiste. Les conseils d’Elisabeth Vincent, orthophoniste et vice-présidente de l’association Parole Bégaiement.

Entre 2 et 4 ans, le tout-petit entre dans le langage. Une période fabuleuse d’acquisition mais qui peut entraîner son lot d’accrocs. Parfois, la parole bloque et l’enfant multiplie les efforts pour que les mots sortent. Le bégaiement touche 5% des enfants. « C’est souvent transitoire et c’est le signe qu’il est en difficulté », souligne Elisabeth Vincent, orthophoniste et vice-présidente de l’association Parole Bégaiement. « Le langage ne va pas aussi vite que la pensée, ses organes phonateurs (langue…) sont encore un peu patauds, et l’enfant se retrouve submergé sans réussir à mettre de l’ordre dans ses idées ». Le bégaiement peut aussi survenir quand l’enfant s’exprimait jusque-là sans difficultés, alors qu’il avait un très bon niveau de langage. Cela peut être aussi une manière inconsciente d’attirer l’attention. Dans tous les cas, le rôle des parents est essentiel pour lui faciliter l’élocution.

Les bons réflexes au quotidien qui peuvent l’aider

  • Ralentir sa propre parole

L’enfant va caler son élocution sur celle de ses parents. Si ceux-ci ont un débit rapide, il va essayer de les imiter, avec le risque de s’emmêler les pinceaux. « Quand l’enfant est petit, les parents adaptent spontanément leur débit de parole en parlant plus lentement. Mais lorsqu’il commence à mieux s’exprimer, ils peuvent se mettre à lui parler comme s’il était grand », constate l’orthophoniste. Pour l’aider, vous pouvez lui parler tranquillement, sur un ton légèrement chantant, en mettant bien en évidence les points d’appui, avec des phrases pas trop longues.

  • Lui accorder des moments calmes

« Dépêche-toi, on va être en retard pour l’école », « finis ton repas, il est l’heure d’aller au lit ». Dans nos vies à 100km/h, l’emploi du temps de l’enfant est minuté, et les préparatifs se font souvent dans le stress. Difficile pour lui d’élaborer sa parole dans ces conditions. Si l’enfant vous parle et que vous n’avez pas de temps à lui accorder à ce moment précis, proposez-lui plutôt d’en reparler un peu plus tard. « Il est important d’avoir des moments d’interaction avec l’enfant tous les jours, par exemple autour d’un jeu », conseille Elisabeth Vincent.

  • Alléger la pression

Propreté, autonomie, motricité fine, langage, entrée à l’école, entre 2 et 5 ans, les acquisitions sont nombreuses. Le bégaiement peut être le signe qu’il est débordé par rapport à ses capacités du moment, que c’est trop pour lui. S’il a des difficultés de parole, on peut par exemple lâcher un peu sur la propreté, ou ne pas mettre trop de pression sur les apprentissages à l’école.

  • Etablir des rituels

« Derrière le bégaiement, il y a de l’anxiété. L’enfant est facilement déstabilisé par des événements nouveaux », note l’orthophoniste. « Lui donner à voir les repères temporels (réveil avec des aiguilles, planning de la semaine…) peut l’aider ». La lecture du soir, un moment quotidien de jeu, ces rituels sont rassurants pour lui.

Quand il parle, être un « interlocuteur actif »

  • Garder le contact

Froncement de sourcils, yeux au ciel, nos mimiques peuvent trahir notre impatience. Rien de pire pour déstabiliser l’enfant et alimenter son bégaiement. Pour l’aider, il est important de garder un contact visuel. On peut se mettre à sa hauteur, le regarder et l’inciter à ne pas détourner le regard. « Quand l’enfant est confronté à des difficultés, il peut se mettre à faire de grands gestes, taper du pied, fermer les yeux, une façon pour lui de se concentrer pour parler, » remarque la spécialiste. Et il risque d’en faire toujours plus. Si le parent est là pour le regarder, il lit dans ses yeux « regarde-moi, je vais t’aider ».

  • L’interrompre à bon escient

« Je, je, je… », quand la machine commence à s’embourber, il ne faut pas hésiter à s’en mêler. Rien de plus angoissant pour lui que de se lancer dans une répétition à l’infini dont il ne peut plus sortir. « Au bout de 4 à 5 répétitions, je conseille d’intervenir », recommande Elisabeth Vincent. « On se glisse dans sa parole en douceur. Il ne s’agit pas de parler à sa place. On peut lui suggérer un mot de manière interrogative : il vous dit « je veux », « je veux », vous proposez : » du chocolat ? ». »

  • Lui poser des questions précises

C’est souvent quand l’enfant se lance dans de grandes explications compliquées qu’il se retrouve enchevêtré. Aux parents de veiller à être des interlocuteurs actifs en l’aidant à avancer pas à pas dans son récit : « Ca se passe avec qui ? » « Comment ? »…

 

 

Ce qu’il faut éviter

  • Ne pas lui donner de conseils

« Calme-toi ! », « respire », « prends ton temps ». Quand on voit l’enfant s’empêtrer, la tendance naturelle serait de l’interrompre pour le pousser à reprendre sa respiration. Or c’est justement à éviter. « Il ne sait pas comment respirer et d’ailleurs, quand il bégaie, bien souvent il a déjà trop d’air », remarque Elisabeth Vincent. « Ca le met dans l’idée que ce qu’il fait n’est pas bien. Il faut éviter les jugements sur sa parole ». Attention à ne pas rompre la communication avec l’enfant. On peut par exemple l’aider à verbaliser ce qu’il vit : « c’est dur, en ce moment, de parler » et lui donner des clés pour s’en sortir : « Viens, je vais t’aider, on va le dire tranquillement », « tu sais, j’ai tout mon temps ».

  • Calmer les bavards

Contrairement à une idée reçue, un petit qui bégaie peut être un enfant très bavard. Or « ce qu’il peut chercher inconsciemment en bégayant, c’est l’attention », constate l’orthophoniste. Il n’est donc pas utile de lui laisser la parole en permanence. A table, on peut lui expliquer que c’est au tour de son frère ou de sa sœur de parler.

Quand consulter ?

« Dès qu’il y a une inquiétude de la part des parents » répond l’orthophoniste. Si l’on sent que l’enfant a besoin de faire un effort pour parler, on peut voir comment cela évolue sur plusieurs semaines. Et ne pas tarder à consulter un orthophoniste car plus on intervient tôt, mieux c’est. Une à deux séances peuvent parfois suffire à débloquer les choses.

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Que retenir de la sélection Parcoursup pour intégrer un centre de formation en orthophonie ?

Que retenir de la sélection Parcoursup pour intégrer un centre de formation en orthophonie ?

Tous ceux qui souhaitent intégrer une formation en orthophonie en 2026 se posent la question. Que vous soyez de futurs bacheliers, étudiants, en reconversion, vous cherchez à comprendre la réalité de la sélection via Parcoursup. Maintenant que la sélection est terminée, il faut comprendre comment se passera la sélection en 2026. L’analyse des résultats de nos candidats en 2025 permet de savoir à quoi s’en tenir.

Tout d’abord, comme annoncé, les CFUO recherchent tout type de profil que vous soyez en reconversion, que votre bac date d’il y a quelques 10 ans ou plus, que vous soyez en Terminale ou alors étudiants, votre candidature intéresse les CFUO même si certains regroupements semblent plus attirer par certains bacs ou profils que d’autres.

Aussi, vos résultats et vos connaissances en sciences, en sciences humaines et sociales, en français, acquises au lycée, au cours de vos études, de votre parcours, seront fondamentales car elles révéleront votre appétence pour des études largement scientifiques et communicationnelles.

Et surtout, 2025 a mis en lumière l’importance que donne les CFUO aux 2 phases de sélection : l’admissibilité sur dossier puis les oraux d’admission.

La lettre de motivation (ou projet de formation motivé) et les 5 grands encadrés sont fondamentaux car ce sont eux qui portent toute votre candidature et qui vous donnent la possibilité ou non d’être convoqué aux oraux. Beaucoup d’étudiants ont encore été surpris cette année de ne pas être appelés à l’oral alors que le plus gros de la sélection se fait lors de cette phase d’admissibilité sur dossier. Si votre dossier n’est pas sélectionné, vous ne serez pas convoqué. Il est donc impératif de rédiger ces éléments avec des arguments percutants pour présenter les raisons qui vous poussent à vouloir devenir orthophoniste.

En ce qui concerne les oraux, ils permettent aux membres du jury d’échanger avec vous, d’analyser et de décortiquer la compréhension que vous avez du métier, vos capacités en termes de communication, vos connaissances, votre intérêt pour les problématiques des patients… Aucun bon résultat en sciences ou en français ne permettra de pallier un manque dans ces domaines.

Un bon candidat est un candidat qui a été à la rencontre des professionnels, s’est rapproché de patients, s’est investi dans l’accompagnement. Chaque candidat devra présenter sur Parcoursup et devant les jurés un projet de formation motivé unique et qui saura prouver un parcours pertinent.

Vouloir intégrer un centre de formation en orthophonie, c’est déjà s’intéresser et se préparer au métier, tant dans les connaissances que dans les savoir-être. N’hésitez pas à télécharger notre guide complet de la sélection en suivant ce lien. Et si vous souhaitez être accompagné dans cette sélection d’entrée, vous pouvez découvrir notre Pack Complet juste ici 👇🏻.

 

 

 

VocabOrtho : la dyspraxie

VocabOrtho : la dyspraxie

Chaque mois, nous vous proposons de découvrir une pathologie prise en charge par les orthophonistes. Ce sont des notions essentielles à connaître pour vos oraux d’admission en CFUO ⁣⁣😉. Ce mois-ci, nous vous présentons la dyspraxie.

La dyspraxie est un trouble du développement qui affecte chez l’enfant la planification et la coordination des mouvements, entraînant des difficultés dans l’accomplissement de tâches motrices, telles que l’écriture, la coordination œil-main et d’autres activités quotidiennes.

Définition

Première chose à savoir : la dyspraxie n’est pas une maladie. Ce handicap invisible appartient à la grande famille des troubles neuro-développementaux et, plus spécifiquement, à la famille des troubles « dys- » (comme la dyslexie, la dyscalculie, la dysorthographie…), il se manifeste par des troubles d’apprentissage.

La dyspraxie se définit comme un défaut de planification et d’organisation du geste : l’enfant qui souffre de dyspraxie est incapable de (ou présente d’importantes difficultés à) coordonner sa main et son œil, à optimiser son orientation dans l’espace ainsi qu’à coordonner ses deux mains entre elles.

En cas de dyspraxie, il n’y a pas d’automatisation du geste : aussi, les gestes de la vie quotidienne (faire ses lacets, boutonner sa chemise, zipper sa fermeture éclair, écriture de son prénom…) doivent être constamment réappris, ce qui entraîne de la lenteur et de la maladresse. Et parfois, en découle un manque de confiance en soi.

Attention : la dyspraxie ne correspond en aucun cas à un défaut d’intelligence : contrairement aux idées reçues, l’enfant dyspraxique ne présente aucune déficience intellectuelle !

Troubles dyspraxiques de l’enfant : est-ce fréquent ?

Les experts estiment que 5 % à 6 % de la population souffre de dyspraxie : en moyenne, en France, 1 enfant par classe est dyspraxique. Les garçons pourraient être plus atteints que les filles, bien que ça n’ait pas été démontré.

Les causes de la dyspraxie

À ce jour, la seule cause réellement identifiée à la dyspraxie est la grande prématurité, c’est-à-dire une naissance entre la 28ème et la 32ème semaine d’aménorrhée (soit après seulement 6 à 7 mois de grossesse). Il pourrait également y avoir un facteur de risque héréditaire, sans que ça soit démontré.

 

 

Les symptomes de la dyspraxie

La dyspraxie était autrefois qualifiée de « syndrome de l’enfant maladroit ». Ce trouble neuro-développemental (que l’on repère généralement dès l’entrée à l’école maternelle ou en primaire) se manifeste en effet par une « maladresse » particulière vis-à-vis des actes du quotidien et une difficulté à repérer les objets les uns par rapport aux autres. Voici quelques exemples :

  • les enfants dyspraxiques sont incapables de / ont des difficultés à se coiffer,
  • les enfants dyspraxiques sont incapables de / ont des difficultés à s’habiller et à se déshabiller seuls,
  • les enfants dyspraxiques sont incapables de / ont des difficultés à se laver seuls,
  • les enfants dyspraxiques sont incapables de / ont des difficultés à manger avec des couverts : ils ont du mal à couper avec un couteau, ils préfèrent manger avec les doigts…,
  • les enfants dyspraxiques sont incapables de / ont des difficultés à découper en suivant un trait,
  • les enfants dyspraxiques sont incapables de / ont des difficultés à colorier sans dépasser les bords,
  • les enfants dyspraxiques sont incapables de / ont des difficultés à coller des gommettes dans des emplacements dédiés,
  • les enfants dyspraxiques sont incapables de / ont des difficultés à faire leurs lacets,
  • les enfants dyspraxiques sont incapables de / ont des difficultés à boutonner leurs habits : les boutons ne sont pas tous mis, ils sont boutonnés de travers…,
  • les enfants dyspraxiques sont incapables de / ont des difficultés dans l’écriture,
  • les enfants dyspraxiques sont incapables de / ont des difficultés à se repérer dans l’espace et/ou dans le temps : l’enfant ne sait pas quel jour on est, il se perd dans l’école, il a des difficultés à s’orienter, il confond sa gauche et sa droite…,
  • les enfants dyspraxiques tombent fréquemment (à vélo, en courant…).

Diagnostic et prise en charge

La dyspraxie ne vient jamais seule : elle s’accompagne généralement d’un autre trouble « dys- » (comme la dyslexie pour certains enfants, la dysorthographie ou la dyscalculie pour d’autres) voire d’un trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Le diagnostic de dyspraxie ne peut être posé que par un médecin : il peut être question d’un neuropédiatre, d’un neurologue ou même d’un médecin généraliste – ceux-ci pourront s’appuyer sur les bilans réalisés en amont par le neuropsychologue, l’ergothérapeute, l’orthophoniste…

Est-ce que la dyspraxie est un handicap ?

Dès le diagnostic de dyspraxie, une reconnaissance auprès de la Maison Départementale pour les Personnes Handicapées (MDPH) peut être demandée : celle-ci permet notamment une prise en charge de certaines rééducations habituellement non-remboursées (ergothérapeute, neuropsychologue…). Une prise en charge précoce est donc bénéfique pour l’enfant.

Comment aider un enfant dyspraxique en classe ?

Des aménagements peuvent être mis en place dans le cadre scolaire aux enfants qui souffrent de dyspraxie et connaissent donc des problèmes d’écriture : il s’agit notamment d’une réduction de la masse de travail scolaire, d’une mise à disposition d’un outil informatique, ou encore d’une aide humaine (AESH). Le mieux est d’en discuter avec le(a) directeur(rice) de l’école ainsi que les médecins scolaires. À la maison, des aménagements peuvent aussi être réalisés pour soulager l’enfant dyspraxique : calendrier adapté, livres audio…

Les traitements de la dyspraxie

Le bilan médical guide un traitement personnalisé pour l’enfant dyspraxique, impliquant une équipe de professionnels de santé (psychomotricien(ne), ergothérapeute, psychologue, orthophoniste, orthoptiste si nécessaire). Les soins peuvent être régulièrement ajustés en fonction de la progression de l’enfant. Une intervention et prise en charge précoce est plus efficace pour atténuer les troubles. L’engagement et le soutien de l’entourage est crucial.

 

8 places restantes avant l’ouverture de notre liste d’attente

8 places restantes avant l’ouverture de notre liste d’attente

Pour rappel, nous proposons un accompagnement sur mesure, adapté et personnalisé. Pour que tous les dossiers soient étudiés, corrigés puis validés avant le dépôt sur Parcoursup et afin d’assurer des oraux individuels de qualité à chacun, nous limitons le nombre de candidats à 150 étudiants par promotion.

Il ne nous reste plus que 8 places pour la rentrée universitaire 2025-2026 avant l’ouverture de notre liste d’attente.

De ce fait, si vous souhaitiez préparer votre concours avec e-orthophonie*, merci par avance de prendre en compte ces informations lors de l’envoi de votre dossier ou de votre inscription en ligne.

N’hésitez pas à nous contacter par mail à admin@e-orthophonie.fr afin que nous vous réservions une place.

Nous vous souhaitons à toutes et à tous de bonnes vacances bien méritées.

A bientôt sur e-orthophonie* !

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L’orthophoniste qui révolutionne l’approche de la dyslexie

L’orthophoniste qui révolutionne l’approche de la dyslexie

Fondatrice de l’association Puissance Dys, cette chercheuse a conçu une méthode innovante, fondée sur les neurosciences, pour repérer et rééduquer les enfants et les adultes atteints de troubles « dys ». Elle la décline en une appli, baptisée Dysplay.

Dyslexique ? Pour Béatrice Sauvageot, ce terme n’a rien de pathologique. Au contraire, pour elle, c’est une grande force. « J’accueille depuis 30 ans des enfants, des ados et des adultes que l’on dit atteints de « troubles dys » (dyslexie, dyscalculie, dysphasie, dysorthographie ou dyspraxie), explique-t-elle. Et j’ai radicalement changé de regard sur eux. Ils n’ont pas de troubles, mais une disposition cérébrale différente, c’est-à-dire une autre forme d’intelligence encore largement inexplorée. Ils perçoivent plus d’images, d’odeurs, de sons, de couleurs que nous. Ils voient 36 images par seconde, et non 24. Devant un film en 3D, ils n’ont pas besoin de lunettes ! Les dys ne dysfonctionnent pas. Ils sont géniaux ! »

Un sourire espiègle, une intelligence vive, un regard-laser qui analyse tout et une énergie inépuisable : Béatrice passe très vite au tutoiement et suscite d’emblée la sympathie. Avec elle, pas de chichi, elle va à l’essentiel et parle avec passion de « ses » dys. « A les fréquenter, je deviens moi-même hyper-intuitive ! » s’amuse-t-elle. Mais son regard devient grave dès qu’elle évoque leur souffrance. « En démarrant mes études d’orthophonie, j’ai découvert un continent de douleur, raconte Béatrice. Des enfants et des adultes désespérés, systématiquement trahis par la lecture. Les lettres dansent devant leurs yeux, ils déchiffrent péniblement, confondent le sens des mots. Dans notre société fondée sur l’écrit, c’est très invalidant et vécu avec un sentiment de honte. On les traite injustement d’idiots ou de paresseux. Beaucoup sont blessés profondément, paralysés par la peur. Dès qu’ils saisissent un crayon, c’est une humiliation. Ils ont l’écrit muet, fauché. Ils vivent leur dyslexie comme un handicap ». Toute la famille en souffre : « Etre parent d’enfant dys, ce n’est pas difficile, cela relève de l’exploit ! Ils me disent souvent : on n’a plus de vie. »

Selon l’OMS, près de 12% de la population mondiale serait touchée par ces difficultés à lire, écrire ou calculer. Et une personne sur 5 souffre, ou a souffert, de troubles dys ou de problèmes d’apprentissage. Le phénomène inquiète l’Education Nationale. Et les parents désemparés se ruent chez les orthophonistes. Afin de les aider, Béatrice a créé à Paris en 1992 l’association Puissance Dys, un centre pédagogique, thérapeutique et de recherche totalement innovant, avec une équipe pluridisciplinaire, pour sortir les dys de cette spirale de l’échec. « Grâce à notre connaissance du fonctionnement du cerveau dys, nous avons mis au point des centaines d’outils, d’exercices et de jeux pour rééduquer les dys et leur redonner confiance en eux ».

La découverte de la dyslexie, un « vrai choc »

Devenir orthophoniste, Béatrice n’y songeait pas spécialement dans sa jeunesse. « Enfant, je rêvais de devenir journaliste, clown et musicienne ». Née à Nice, d’un père rugbymen et d’une mère prof de français et d’espagnol, elle grandit à Abidjan, en Côte d’Ivoire. « Je n’ai jamais été dyslexique mais j’ai connu la souffrance du handicap. A 18 mois, j’ai contracté une poliomyélite qui m’a laissé des séquelles à la jambe. Comme les dys, j’évolue dans un monde qui n’a pas été pensé pour moi ». Elle découvre la dyslexie à travers Joseph, son babysitter burkinabé qu’elle adore. « Il parlait 7 langues mais il n’arrivait pas à apprendre à lire et à écrire, malgré les nombreuses tentatives de ma mère. Avec lui, la dyslexie a imprégné mon enfance ». Elle rentre en France à l’âge de 8 ans. « Ce fut un vrai choc. J’avais un accent ivoirien à couper au couteau. Je n’aimais pas l’école, je me faisais souvent gronder. J’étais aussi régulièrement punie car j’arrivais en retard en cours à cause de ma jambe boiteuse ».  Son enfance africaine lui a donné le goût des sons, des langues et des musiques. A 22 ans, elle passe le diplôme d’orthophonie. « J’ai travaillé un an dans un cabinet. Mais je voyais bien que les méthodes classiques ne fonctionnaient pas, ou mal, avec les enfants dyslexiques. Je ne comprenais pas non plus pourquoi on s’acharnait à vouloir soigner des personnes qui n’étaient pas malades. J’ai alors songé à changer de voie. Une orthophoniste de l’équipe m’a dit : au lieu de changer de métier, change le métier. Ce fut un déclic pour moi ».

 

 

Béatrice se spécialise en neurologie. A la Pitié Salpêtrière, elle rencontre celui qui devient son mentor : l’écrivain Jean Matellus, qui était neurologue, linguiste et poète. Ensemble, ils fondent l’association Puissance Dys, qui réunit des scientifiques, des artistes, des enseignants et des thérapeutes. Elle publie avec lui Vive la dyslexie (J’ai Lu). Au fil de ses recherches, Béatrice crée une méthode ludique et révolutionnaire, qui s’appuie sur l’expression artistique et corporelle, en mêlant musique, chant, danse et rire. « Je m’appuie sur l’éveil des sens et je réinjecte du plaisir dans l’apprentissage de l’écrit. Un dys ne peut apprendre qu’en mouvement. Il voit le monde de façon spatiale et graphique, comme Léonard de Vinci ou Rodin, qui étaient eux-mêmes dyslexiques. Quand les dys arrivent chez moi, je ne pointe pas leurs défaillances, mais je leur fais un bilan de leurs compétences et de leurs points forts sur lesquelles la rééducation va s’appuyer. Chaque thérapie est adaptée à la personnalité de l’enfant et à ses besoins ».

Primée par la Fondation de France, sa méthode a fait ses preuves et enchante les parents. « J’ai créé notamment un alphabet et une langue neurologique, que j’appelle la bilexie, lisible de façon immédiate par les dyslexiques, qui existe pour le logiciel Word. En quelques semaines, les résultats sont spectaculaires. Les enfants dys progressent à vue d’œil, ils apprennent rapidement à lire et à écrire. Plusieurs, qui étaient les derniers de la classe, se retrouvent parmi les premiers. Ils retrouvent confiance en eux, autonomie dans leurs apprentissages et joie de vivre. Ils peuvent exprimer pleinement toutes leurs potentialités. Ils vivent une réelle transformation. La dyslexie n’est pas une maladie, mais une identité riche, créative et empathique ».

De futurs Einstein puissance dys ?

Soutenue par le groupe de protection sociale Malakoff Mederic Humanis, Béatrice va lancé sa méthode innovante en version digitale, Display, pour enfants, ados et adultes, afin de diagnostiquer et de rééduquer les dys. « L’augmentation du nombre d’enfants dys n’a pas de rapport avec l’expostion précoce aux écrans, explique-t-elle. Simplement, on les détecte davantage aujourd’hui. On nait dys, c’est héréditaire, selon l’Encyclopédie Chirurgicale et Médicale. Mais attention, il y a aussi des enfants dont les parents ne s’occupent pas, ou qui vivent dans des lieux défavorisés et qui n’arrivent pas à suivre à l’école. On les déclare dys alors qu’ils sont juste en retard. C’est pour cela que Malakoff Médéric Humanis nous a demandés de faire avec Dysplay un dépistage gratuit, pour ne pas se tromper. Il y a plus de 100 questions et un résultat de tests très sérieux. On n’attend plus, on peut le faire à la maison ou à l’école. Je propose des exercices, des jeux et des vidéos exclusifs, ainsi que des audiocaments pour stimuler les sens et la plasticité cérébrale. Les dys ont souvent une appétence pour les écrans car ils ont soif d’apprendre. Ils s’approprient des notions d’apprentissage que ne fournit pas l’école. Ils ont accès à des mécaniques de jeux qui les aident à mettre en place la logique et à exercer leur mémoire». Hypersensibles, originaux, intelligents, oniriques et intuitifs, les dys ont leur propre monde et un immense potentiel créatif, conclut Béatrice. Je m’émerveille chaque jour de la richesse de leur personnalité. Ils ressemblent à des mutants ». Ou à des futurs Einstein puissance Dys ?

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