En fonction du niveau socio-économique de leurs parents, les enfants n’ont pas tous autant de vocabulaire à 2 ans. Des experts indiquent comment les aider dans l’apprentissage du langage.
Une étude réalisée par Santé Publique France vient confirmer ce que d’autres études internationales indiquaient déjà auparavant : le niveau socio-économique des parents influence l’apprentissage du langage chez les enfants. Cette recherche française montre que les disparités de vocabulaire se créent dès l’âge de 2 ans. Plus précisément, les enfants dont la mère a un niveau de diplôme inférieur au brevet des collèges connaissaient 70 mots sur les 100 proposés lors de l’étude. En revanche, ceux dont la maman « ne détient qu’un Bac+2 » en maîtrisaient 80.
« Cette étude, une première en France, confirme que dès 2 ans, il existe des inégalités sociales face au langage », décrypte Florent de Bodman, auteur du rapport de Terra Nova sur « L’égalité des chances se joue avant la maternelle ».
Une étude américaine montre ainsi que les enfants issus de famille pauvres connaissaient 500 mots de vocabulaire à 3 ans, contre 1000 pour ceux des familles aisées. Il existe donc de forts liens entre les écarts socio-économiques et les chances de savoir lire à la fin de l’école primaire. Pour améliorer les chances de leur enfant, certains parents, de tous les milieux sociaux, peuvent donc décider de stimuler son apprentissage du langage.
L’apprentissage du langage commence à la naissance
« Ce n’est pas parce que votre enfant est toujours un nourrisson qu’il ne faut pas lui parler », explique Florent de Bodman. Bien au contraire, dès le plus jeune âge, « c’est important de parler avec l’enfant, pas seulement à l’enfant, de guetter ce qu’il comprend et toutes ses réactions. Avec un nouveau-né, c’est plus une histoire de communication non-verbale : il peut répondre par un sourire, un geste, du babillage. » La communication est malheureusement souvent sous-estimée, alors que c’est très important, insiste Chirstian Peyrat, pédiatre. « Plus on s’adresse à l’enfant, plus il se sent considéré et compris, plus il sera calme », explique le spécialiste. Par exemple, vous pouvez lui poser des questions, et attendre quelques secondes pour qu’il vous réponde. A ce moment-là, il faut réagir, le questionner de nouveau, rebondir sur ce qu’il a dit, et le féliciter.
L’apprentissage de la parole par le jeu
Le jeu permet d’apprendre de nombreuses choses et le langage en fait partie. « On rencontre moins de retards de langage dans les familles, qu’elles soient favorisées ou non, où on joue beaucoup », explique Anne Rudelle, orthophoniste et psycho-praticienne. Cela permet de stimuler les connaissances, par exemple avec des jeux d’imitation, d’imagination, de société…
Ce qui est important, c’est de le faire en lien avec les intérêts de l’enfant, mais aussi les vôtres. « L’énergie de la joie est un tel support pour encourager n’importe quel apprentissage ! Alors si vous adorez la cuisine ou le vélo, faites cette activité en décrivant ce que vous faites plutôt que vous astreindre à aller à la bibliothèque alors que vous n’aimez pas lire », déclare l’orthophoniste. D’ailleurs, pour Florent de Bodman, même les parents à l’emploi du temps chargé peuvent le faire. « Vous pouvez transformer des moments utilitaires en plaisir partagé : préparer le repas ensemble, donner le bain, changer la couche, c’est l’occasion de chanter, faire des petits jeux, parler ».
Le corps est important dans l’apprentissage du langage
Parler à votre bébé, c’est bien, mais il faut le faire correctement. « Les gens ignorent trop souvent qu’un nouveau-né ne voit qu’à 40 cm, il faut donc lui parler tout près ! », affirme Chistian Peyrat. Florend de Bodman conseille : « Pour le bébé qui commence à parler, c’est très important de se mettre à sa hauteur, de le regarder dans les yeux, de ne pas parler trop vite et de renforcer les intonations ». Anne Rudelle partage son avis : « Avec cette attention conjointe, on va favoriser une sécurité, une confiance et une attention qui lui permettent de nous écouter ».
C’est aussi pour cette raison que de nombreux parents et spécialistes plébiscitent la langue des signes adaptés aux bébés. « Je crois que c’est un très bon moyen d’amener les parents à réfléchir autrement sur leur relation avec leur tout-petit. Sans apprendre tous les signes ! Mais un bébé de 6 mois sait signer oui et non », affirme le pédiatre. En effet, « pour les enfants, il est plus facile de reproduire un geste qu’un son. On peut revenir aussi au corps grâce aux petites comptines avec les mains. Mimer une chanson, cela introduit aussi du rythme et une successivité qui préparent à la syntaxe », explique l’orthophoniste.
Adapter le langage en évitant le « parler bébé »
Il faut bien entendu adapter vos propos à l’âge de votre enfant. En revanche, il est quand même mieux de lui parler comme vous parlerez à n’importe qui d’autre. « Mieux vaut lui parler comme à un adulte : dire je et tu, l’appeler par son prénom. Il comprend qu’il est dans une conversation et qu’il peut intégrer le tour de parole. Utiliser les bons mots, c’est le meilleur moyen pour qu’il les retienne ! », conseille Florent de Bodman. « Pour un enfant de 1 an, il faut surtout faire attention à la longueur de la phrase. Il ne faut pas perdre son attention dans les détails », ajoute Anne Rudelle. Ainsi, vous pourrez, au fur et à mesure, faire des phrases plus complexes et nuancées, qui enrichiront sa syntaxe.
Grâce à tout cela, votre enfant aura tout ce qui lui faut pour apprendre à parler, même si cela peut prendre du temps. Par exemple, il pourra faire des erreurs de prononciation, même s’il connaît un mot et qu’il sait l’utiliser. « C’est normal, cela fait partie du développement par approximation. Mais il est déconseillé de le faire répéter. Mieux vaut reformuler après lui, en instant sur la bonne consonne par exemple », recommande l’orthophoniste.
Bienvenue dans cet article dédié à la diva de nos dépossessions intérieures, celui dont on ne doit pas prononcer le nom mais que l’on connaît tous, que l’on côtoie que trop souvent, j’ai nommé : le stress.
Vous êtes nombreux à vous questionner sur la gestion du stress le jour des épreuves d’admission. Et c’est une excellente question car il est très positif de chercher à gagner en sérénité jour après jour… tout comme il est essentiel de se questionner sur les conditions dans lesquelles vous vous trouverez au moment de l’oral. Il est vrai qu’au delà de détruire prématurément de nombreuses connections cérébrales, un état intérieur profondément déséquilibré émotionnellement peut empêcher temporairement tout accès à de nombreuses ressources.
C’est ici l’occasion d’en parler ouvertement, et pourquoi pas de trouver des solutions, d’échanger des astuces, ou juste d’en discuter, ce qui est toujours enrichissant…
Le stress peut être vécu de manière ponctuelle, à un degré plus ou moins marqué. Parfois, à l’approche d’évènements attendus ou redoutés, l’état d’angoisse se prolonge et devient profondément gênant sur des heures, des jours voire des semaines entières.
Si cela semble s’installer dans le quotidien (boule au ventre et pensées répétitives dès le réveil, mauvaise digestion, sommeil perturbé, concentration affectée…) il faut chercher des solutions, car le stress n’est ni une obligation, ni un mal incurable. Pour commencer, l’hygiène de vie est à privilégier, des adaptations ou petites modifications peuvent être salutaires de manière assez simple, et rapide.
Écrire
En cas de grosse vague oppressante, obsédante, tu peux par exemple essayer de noter les pensées qui te viennent en tête sur un cahier. Cet exercice d’écriture peut être fait très rapidement (parfois moins de 5 minutes quand on a un peu l’habitude) et peut dénouer de nombreuses situations qui nous semblent figées ou insurmontables. Ensuite, tu peux les relire un peu plus tard et prendre de la distance, comme si quelqu’un d’autre les avait écrites (réapprendre à porter un regard objectif et bienveillant sur soi-même). C’est le regard que l’on porte sur soi ou les choses qui les rendent bien souvent « positives » ou « ennuyeuses », changer de point de vue peut faire voir les choses sous un autre jour et apporter des solutions plus adéquates, des comportements plus appropriés.
Bouger
Écrire, c’est super, mais dans certains moments, il est juste nécessaire de changer d’air, alors ouvre grand tes fenêtres et sors marcher, courir, prendre l’air, vas nager ou faire du sport, se dépenser physiquement permet de sortir de boucles mentales répétitives, redondantes… ne t’autorise pas à travailler dans de mauvaises conditions mentales, ce n’est plus le moment.
Discuter
Bien entendu, échanger est aussi un besoin fondamental, quand as-tu eu l’occasion d’avoir une vraie conversation avec quelqu’un ? Parler, papoter, blaguer, faire une pause, débrayer, perdre du temps en d’autres termes ? Eh bien oui, parfois cela en fait gagner beaucoup, et en plus avec le sourire !
Respirer
Inspirer en prenant l’air le plus lentement possible par une narine en bouchent l’autre avec l’index, expirer par l’autre, inspirer avec la même… faire cela en contant dans l’ordre décroissant :
9, 8, 7, 6…1
puis 8, 7, 6 5…. 1
puis 7, 6, 5 …1
et ainsi de suite jusqu’à 1.
Minimum matin et soir 10 jours avant le concours
Matin, midi et soir 3 jours avant et le jour du concours.
C’est une technique de respiration en or, qui peut être utilisée n’importe où pour calmer le rythme cardiaque, de l’endormissement à la salle de concours !
Écouter ses besoins
Une petite discipline de vie permet de gagner beaucoup de temps et d’énergie. Évite les aliments trop gras ou sucrés, privilégie des produits frais et faciles à digérer. Fais en sorte de ne pas avoir des cycles de sommeil trop décalés entre la semaine et le week-end, surtout à l’approche du jour du concours. Dors suffisamment, cela va sans dire.
D’autres choses peuvent être aidantes, mais sont payantes, donc là, cela dépend vraiment du budget dont tu disposes, mais ça peut vraiment valoir le coup.
Les huiles essentielles à sentir à toute heure du jour et de la nuit. Lavande vraie, petit-grain bigarade, marjolaine à coquille, mandarine, camomille romaine, ou encore hélicryse italienne… seules ou en combo, mais pour les concours ce sont des armes de destruction massive de mauvais état d’esprit ; certaines sont précieuses, donc vraiment pas données (l’hélicryse et la camomille notamment) mais une mini quantité suffit, c’est utile pour plein plein de choses et ça ne périme pour ainsi dire jamais.
D’autres suggestions…
de la vitamine C de bonne qualité matin et soir pour rétablir / maintenir l’homéostasie physiologique et nerveuse. Il y a des boîtes à des prix très différents mais certaines ont beaucoup de comprimés dedans. Pense à vérifier cet aspect.
du magnésium pour la gestion du stress et des émotions c’est top !
Positiver
Ne sois pas trop dur avec toi-même. Un peu de douceur, de bienveillance, de patience à ton égard ! Tu le mérites, tu as autant le droit à la réussite qu’à l’erreur, alors laisse-toi ces droits. Et puis ce n’est pas le moment de se démoraliser avec des jugements sur soi-même dévalorisants et inappropriés. Au contraire, il est temps d’avoir un moral gonflé à bloc, la confiance est la clé de ta réussite. Et oui, que ce soit ton dossier ou lors des oraux, il s’agit du reflet de ta personne. Si tu n’as pas confiance en toi, comment veux-tu que les autres en soient convaincus ?! Alors il est temps de se rappeler que tu es une personne unique avec beaucoup de chose à apporter. Ne l’oublie jamais et les autres, même sans que tu aies besoin de parler, le ressentiront.
Voilà l’essentiel que nous voulions partager. Cette liste est bien entendu non exhaustive, mais elle présente déjà quelques pistes… piochez ce qui te parle le plus, laisse tomber le reste, fais-toi confiance, et compose aussi avec les moyens du bord.
Pour finir, certaines personnes viennent le jour des épreuves d’admission avec, un grigri, une photo, un porte-clé, un parfum, un stylo porte-bonheur… Tu as peut-être toi aussi tes petits trucs pour te réconforter, te sécuriser ; que ce soit drôle, efficace ou juste mental, n’hésite pas à les partager !
Rien ne remplace l’avis d’un expert ou l’accompagnement sur mesure d’une équipe dédiée. Nous proposons donc des séances de TD en visioconférence par groupe de 10 maximum : nos VisioTD.
Nous vous offrons un moment privilégié pour venir poser vos questions sur les épreuves orales et sur les pièges à éviter.
Cette nouvelle séance sera l’occasion de vous expliquer la place du psychologue dans les oraux d’admission et quel est son rôle. Il s’agit d’un temps exclusivement dédié à vous et à vos remarques. Alors profitez pleinement de cette formidable opportunité de relativiser la présence d’un psychologue lors de vos oraux pour affronter sereinement les épreuves d’admission.
Parcoursup a fermé ses portes le 2 avril et les premiers oraux d’admission auront lieu dans quelques jours. Nous souhaitions ainsi vous envoyer de bonnes ondes pour vous mettre dans les meilleures conditions durant cette période déstabilisante. Ne baissez jamais les bras et croyez en vous ! Vous allez arriver à l’oral, c’est votre place, vous êtes légitimes.
Nous voulions vous féliciter car le chemin choisi n’est vraiment pas des plus évidents. Choisir de l’emprunter est déjà courageux, quelle que soit la destination atteinte pour cette année.
Nous tenons particulièrement à saluer votre patience, votre persévérance, notamment pour celles et ceux qui ont déjà traversé cette épreuve plus d’une fois… On ne repart jamais véritablement de zéro, les expériences qui nous grandissent le plus ne sont pas toujours celles que l’on pense, les plus agréables, ou victorieuses. Mais quels que soient les résultats, ne doutez jamais de vous et de votre valeur. Gardez le bien à l’esprit lors de vos oraux. Si vous êtes là, c’est que vous le méritez. Le jeu en vaut vraiment la chandelle !
Chaque mois, nous vous proposons de découvrir une pathologie prise en charge par les orthophonistes. Ce sont des notions essentielles à connaître pour vos oraux d’admission en CFUO 😉. Ce mois-ci, nous vous présentons la dysphasie.
La dysphasie est un trouble de l’apprentissage se manifestant au niveau de la communication et du langage. Plus la dysphasie est détectée tôt et la prise en charge précoce, meilleures sont les chances d’aider efficacement l’enfant à progresser.
Si la dyspraxie ou la dyslexie sont deux troubles bien connus de la famille des DYS, la dysphasie l’est beaucoup moins. Selon les chiffres de l’Inserm, elle toucherait environ 2% des enfants avec une proportion plus importante de garçons. La dysphasie est un trouble de l’apprentissage qui touche le développement du langage oral, l’enfant aura alors des difficultés à s’exprimer mais aussi à comprendre ce qu’on lui dit. La dysphasie a des répercussions sérieuses sur la vie de l’enfant, tant au niveau scolaire que sur le plan social. Le dialogue avec les autres est compliqué, l’apprentissage des leçons également. C’est pour cette raison qu’une prise en charge précoce est essentielle. Même si on considère qu’un diagnostic de dysphasie ne peut pas être posé avec certitude avant l’âge de 5 ans, des signes peuvent alerter beaucoup plus tôt.
Les différents types de dysphasie
Avant de s’intéresser aux symptômes du trouble, il est important de rappeler qu’il n’y a pas une dysphasie, mais plusieurs. La dysphasie peut être expressive, elle désignera alors des difficultés d’expression orale, réceptive, il s’agira ici d’une difficulté à comprendre le langage ou bien mixte.
Dysphasie : quels sont les signes qui doivent alerter ?
Selon l’association DYS-POSITIF il est possible de détecter des signes annonciateurs de la dysphasie dès l’âge de 2 ans ou 3 ans. À cet âge, on ne parlera pas encore de difficultés de langage mais plutôt de troubles ayant un impact sur la faculté de l’enfant à communiquer. L’enfant semble ne pas comprendre ce qu’on lui dit, il répète les mots quand on lui parle, il ne parle pas du tout ou très peu, utilise des mots simples au lieu de faire des phrases (« Gâteau » au lieu de « Je veux manger un gâteau »). Les enfants ayant du mal à s’exprimer, ils sont anormalement silencieux. Ils apprennent à lire, mais souvent plus lentement que les autres. À l’âge l’adulte, ce trouble de l’apprentissage du langage est plus difficile à repérer. Parmi les personnes concernées, beaucoup se débrouillent avec leurs difficultés, sans forcément demander de l’aide.
Parmi les symptômes qui peuvent orienter vers la dysphasie après trois ans on peut notamment évoquer :
un vocabulaire restreint,
des erreurs de syntaxe,
des difficultés à construire son discours,
des difficultés à trouver le bon mot,
une organisation des sons inadéquate au sein des mots,
une omission des mots de liaison,
une difficulté à expliquer une idée de manière verbale,
une utilisation très fréquente du langage gestuel,
des hésitations dans le discours,
une difficulté à comprendre les consignes,
une difficulté à percevoir les nuances dans le discours.
Dysphasie à l’âge adulte : quels sont les signes ?
Tout dépend du degré de sévérité du handicap. « Beaucoup d’adultes dysphasiques sont passés sous les radars de l’Education nationale », constate Marie-Hélène Marchand, neuropsychologue et orthophoniste. « Leurs difficultés orales ne se voient pas forcément dans la vie quotidienne. Mais on se rend compte qu’ils manquent de vocabulaire. On constate des anomalies syntaxiques dans les phrases complexes et des problèmes de concordance des temps. Ils ont également du mal à s’ajuster au discours des autres. ».
Difficultés à comprendre les sous-entendus
Très souvent, les personnes dysphasiques ne saisissent pas les «non-dits», tous ces sous-entendus couramment employés dans une conversation entre adultes. « Ils ne comprennent pas le deuxième degré et les nuances de langage. Du coup, ils ont beaucoup de mal à gérer les codes sociaux. C’est comme s’ils étaient plongés dans un pays dont ils ne comprennent pas bien la langue », confirme Martine Rousseau, présidente et membre de l’association Avenir Dysphasie France.
Pour donner un exemple, un dysphasique ne va pas comprendre une phrase à double sens comme « j’en ai plein le dos ». Il va la prendre au premier degré, se focaliser sur le dos, sans percevoir la fatigue sous-jacente. Une vraie source de malentendus.
Dysphasie, comment est établi le diagnostic et quelle est la prise en charge ?
Avant de s’orienter vers un diagnostic de dysphasie, il faudra s’assurer que les difficultés de l’enfant ne sont pas liés à d’autres facteurs comme une maladie, un problème auditif, un trouble psychologique, un déficit intellectuel ou même une malformation au niveau de la sphère buccale qui pourrait l’empêcher de s’exprimer correctement. Si une prise en charge en orthophonie n’a rien donné, l’enfant va alors être évalué par une équipe pluridisciplinaire associant un psychomotricien, un orthophoniste, un pédopsychiatre et un neuropsychologue. Un protocole sera ensuite mis en place afin d’accompagner l’enfant et va associer de l’orthophonie intensive, l’ergothérapie, une prise en charge auprès d’un psychologue et d’un psychomotricien.
La rééducation à l’âge adulte est plus difficile que chez l’enfant. Chez un enfant dysphasique, le parcours est relativement balisé. Une fois repéré le retard d’apprentissage, des séances d’orthophonie sont prescrites. Elles permettent à l’enfant de surmonter en partie son handicap en l’aidant à mieux s’exprimer. Cette rééducation du langage chez un orthophoniste est possible à tout âge. Mais, en pratique, cette prise en charge est plus difficile à mettre en œuvre que pour un enfant : « Dégager une heure par semaine pour se rendre chez un orthophoniste n’est pas évident. Les adultes sont très vite repris par leurs obligations familiales et professionnelles, et abandonnent. Finalement, l’important chez l’adulte est l’identification du problème et la pose du diagnostic », constate Marie-Hélène Marchand.
Par ailleurs, compte tenu de la pénurie d’orthophonistes, beaucoup de praticiens donnent la priorité à l’accueil des enfants pour la prise en charge de la dysphasie. « Il est très difficile de trouver des professionnels qui acceptent de s’occuper d’adultes », regrette Martine Rousseau. Il est également possible de consulter un neuropsychologue, mais ces professionnels de santé ne sont pas nombreux. Formés à la psychologie, ils ont une spécialisation dans les troubles de la mémoire ou de l’attention. Comment souvent, les associations comblent en partie ce déficit de prise en charge.
Quelles sont les conséquences de ce trouble du langage oral au quotidien ?
La dysphasie complique le rapport aux autres. Ces difficultés de compréhension ont un impact important dans le milieu professionnel avec, par exemple, des difficultés à intervenir dans les réunions à plusieurs et à comprendre le propos ; ou encore des difficultés à développer ses motivations lors d’un entretien d’embauche. Mais le problème se pose aussi dans la vie privée. Marie-Hélène Marchand se souvient d’une de ses patientes, souvent en colère contre son mari. « En réalité, il y avait un vrai problème de compréhension du langage dans ce couple », explique-t-elle.
Comment savoir si on est dysphasique et qui consulter ?
Le diagnostic de dysphasie a souvent été posé dans l’enfance. Mais ce n’est pas toujours le cas. Un adulte qui se débat avec des difficultés d’élocution et de compréhension du langage peut en parler à son médecin traitant. Le cas échéant, celui-ci l’orientera vers un orthophoniste ou un neuropsychologue. Le diagnostic de dysphasie chez l’adulte se fait parfois de manière fortuite à l’occasion d’un bilan professionnel, comme en témoigne Marie-Hélène Marchand : « En général, ils nous consultent dans les périodes de changement, par exemple avant de prendre un nouveau poste. Certains nous demandent une évaluation dans le but de choisir la bonne orientation. D’autres – en général ceux qui n’ont pas été dépistés dans l’enfance – essaient de comprendre pourquoi ils rencontrent des difficultés professionnelles ».
Dysphasie et travail : quels métiers peut-on exercer ?
Dans la dysphasie, il n’y a pas de déficience intellectuelle. Mais le handicap que représentent les troubles du langage et les difficultés d’expression rendent problématique l’accès à certains métiers. « On imagine mal une personne dysphasique devenir avocat, commercial ou psychologue », note Marie-Hélène Marchand. Mais, les dysphasiques ont d’autres atouts. Dès l’école, ils se montrent plutôt doués en maths, une forme de langage avec laquelle ils sont plus à l’aise que dans le domaine littéraire. Nombre d’entre eux font de brillantes études dans le domaine de l’informatique ou de la finance. En revanche, les personnes atteintes d’une dysphasie sévère, ou qui présentent d’autres troubles «dys» (dyslexie, dyscalculie…) ont un parcours plus chaotique. « Certains sont orientés vers un travail en milieu protégé ou un poste adapté en milieu ordinaire », constate Martine Rousseau.
Faut-il faire reconnaître ce handicap ?
Dans ce contexte, la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) peut être utile, même si certains dysphasiques préfèrent ne pas s’en prévaloir devant leur employeur ou leurs collègues de travail. Dans tous les cas, la démarche est à effectuer auprès d’une Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). « Cette RQTH ouvre des droits à la retraite et, si le taux de handicap est important, à l’allocation adulte handicapé (AAH). Par ailleurs, les entreprises sont soumises à des quotas d’embauche de personnes reconnues handicapées. La RQTH ouvre également la possibilité d’aménagements de postes », explique Martine Rousseau. Pour certains, en particulier ceux qui ont des troubles dyslexiques, des logiciels d’aide à l’écriture et à la lecture peuvent faciliter le travail sur ordinateur. L’association les présente sur son site internet (rubrique Aide au langage).
Permis de conduire et troubles dys : des stages aménagés
Le permis de conduire est nécessaire dans certains emplois. Mais l’épreuve du code peut être difficile pour certains adultes dysphasiques. Les associations ont obtenu des aménagements pour toutes les personnes présentant des troubles dys. L’épreuve du code se déroule sur une période plus longue et elle peut être passée trois fois. L’association Avenir Dysphasie donne des conseils détaillés sur son site (rubrique Emploi).
Les associations : une aide précieuse
L’association Avenir Dysphasie a mis en place des clubs afin de permettre à de jeunes adultes de se rencontrer et de progresser ensemble. Des sorties et des week-ends sont organisés en commun. « Nous avons un groupe de 25-35 ans qui font du théâtre, encadrés par un art-thérapeute. Ils travaillent beaucoup sur les habiletés sociales lors des séances d’improvisation », explique Martine Rousseau. À Bordeaux et à Issy-les-Moulineaux, des web-radios ont vu le jour, sous l’égide d’un journaliste professionnel. Là encore, c’est l’occasion de travailler son élocution. « Et pourquoi pas s’entraîner au grand oral du bac », se réjouit Martine Rousseau qui compte bien renouveler l’expérience.