OUVERTURE : la clinique Orthophonie Réadaptation Outaouais, située au 683, avenue de Buckingham, a procédé à son ouverture officielle.
La propriétaire et orthophoniste, Marie-Josée Lapointe, estime qu’il y a un réel besoin pour ce genre de services dans le secteur. «On est la seule clinique qui offre des services d’orthophonie dans l’est de Gatineau. […] Notre but c’est de desservir les enfants et les adultes de l’est de Gatineau, de la Petite-Nation et de la MRC de Papineau», dit-elle. «Je n’étais même pas encore ouverte officiellement et j’avais déjà des références et des rendez-vous. Il y a définitivement de grands besoins, car les services publics n’arrivent pas à combler», remarque celle qui a autant d’expérience avec les plus jeunes que les personnes plus âgées.
«Je peux aider pour tout ce qui touche à la communication, que ce soit à l’oral ou à l’écrit. Je peux aussi aider les enfants qui ont un spectre de l’autisme ou les gens qui ont un trouble de voix», explique celle qui est présentement seule pour opérer sa clinique. «J’espère après les fêtes engager une autre orthophoniste et d’ici l’été engager une ergothérapeute. Mon but est d’offrir tous les services pour que les gens n’aient qu’à se déplacer à un seul endroit», souligne celle qui trouve important de travailler en collaboration avec d’autres partenaires locaux. «J’ai déjà un partenariat avec la Librairie Rose-Marie et je veux vraiment m’impliquer dans la communauté», conclut celle qui a exercé son métier dans divers emplacements depuis 8 ans.
La profession d’orthophoniste a obtenu le grade de master en 2013. Pourtant, les étudiants sont loin d’être satisfaits. La profession souffre d’un manque de reconnaissance salariale à l’hôpital.
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Les étudiants orthophonistes sont descendus dans la rue le 3 novembre à l’appel de la Fédération nationale d’étudiants en orthophonie (FNEO). Celle-ci demande au ministère de la Santé que des grilles de rémunérations soient faites dans la fonction publique hospitalière, «en adéquation avec les niveaux d’études, de compétence et d’exercice des orthophonistes».
Aujourd’hui il y a l’équivalent de 950 temps plein dans la fonction publique hospitalière pour 3300 étudiants en recherche de stage. En moyenne une orthophoniste touche 1514,08€ brut en début de carrière et peut aspirer à un salaire à hauteur de 2602,17 € en fin de carrière.
Même si le diplôme en 5 ans d’orthophoniste a été reconnu en 2013 au grade de master, la rémunération n’a pas suivi. «Nous sommes payés l’équivalent d’un bac +2, soit 57 euros de plus que le Smic», souligne Alice Magat, vice-présidente de la FNEO, qui poursuit : «Aujourd’hui, selon un sondage daté de 2015, 76 % des jeunes diplômés travaillent en libéral, où ils gagnent facilement le double, 11 % sont en salariat et 13 % en activité mixte».
Les diplômés au grade de master sortiront en 2018
Un manque de reconnaissance de la fonction publique qui selon la FNEO pose problème, car les hôpitaux n’embauchent plus d’orthophonistes. «Un patient qui a fait un AVC ne pourra pas suivre des séances à l’hôpital, et devra attendre souvent entre six mois et un an pour se faire soigner en libéral», explique Alice Magat. Cette étudiante de troisième année au Centre de formation de Lille, raconte qu’elle n’a pu trouver de stage à l’hôpital Mignot de Versailles. «L’absence d’orthophonistes à l’hôpital nous empêche de nous former correctement à toutes les formes de handicap», précise-t-elle.
Déjà, en octobre, des étudiants des 19 centres de formations en orthophonie se sont tous mobilisés, à tour de rôle. Un Haka a eu lieu à Lyon, et un « Qui est-ce ? » géant à Montpellier.
L’association étudiante espère trouver une solution, avant que la première promotion de diplômés au grade master ne sorte, c’est-à-dire en juin 2018.
Les étudiants se tiennent informés de la mobilisation sur une page Facebook dédiée.
Ils étaient une centaine à manifester ce jeudi. Explications.
Si on voulait faire un jeu de mot facile, on dirait que les étudiants orthophonistes ont donné de la voix ce jeudi à Tours. En même temps, c’était bel et bien le cas. Rassemblés sur la Place Jean Jaurès, pancartes en main, ces jeunes qui ont cours à la fac de médecine ont voulu faire part de leurs inquiétudes quant à leur avenir. Ces étudiants en orthophonie sont « révoltés » par l’évolution de leur profession. Alors, hier, ils (elles, car il y a 99 % de femmes) ont crié leur malaise.
Actuellement, ils nous expliquent qu’en milieu hospitalier, ils ont des salaires de niveau Bac +2 alors que leur profession est de niveau bac +5 : « Nos études sont reconnues au grade de master et s’effectuent en cinq ans, mais nous ne sommes reconnus, et payés, qu’à bac + 2, le smic + 47 € », expliquent Marion Beaudou et Cloé Hamon, étudiantes en 3e année au CFUO de Tours, coprésidentes de l’Association Tourangelle des futurs orthophonistes. « On nous promet des primes quand on va en zones sous-dotées, mais c’est à l’appréciation des chefs d’établissements et de l’Agence Régionale de Santé. On favorise l’exercice mixte hôpital-libéral, mais dans ce cas, on ne peut pas être titulaire en milieu hospitalier », précisent-elles.
La conséquence de cette politique, dénoncée par les jeunes manifestants, rejoints par quelques professionnels, c’est qu’il y a un manque important d’orthophonistes à l’hôpital. En effet, il y a de moins en moins d’orthophonistes en milieu hospitalier et c’est pourtant là que les étudiants sont formés par ces professionnels, d’où les grosses inquiétudes pour le futur. Moins de formateurs signifierait moins d’étudiants. Les orthophonistes sont 23.000 en France : « Rééducation post-AVC, prise en charge de cancers, troubles alimentaires, cognitifs, autisme, alzheimer, on a tous besoin un jour ou l’autre d’un orthophoniste. De plus, les jeunes préfèrent s’installer en libéral » poursuit Marion. Une fausse solution d’après elle car « les listes d’attente sont très longues, entre 6 mois et deux ans, alors que certains patients, qui ont par exemple été victimes d’un infarctus, auraient besoin immédiatement de plusieurs séances par semaine». Et puis les orthophonistes libéraux n’ont pas tout le matériel de l’hôpital : « Autre problème, à cause des bas salaires, le turn-over est important à l’hôpital. Du coup, les étudiants ne trouvent pas de stage car ils ne peuvent être encadrés que par des professionnels en poste depuis 3 ans.».
Ils étaient une centaine à se mobiliser pour toutes ces raisons à Tours ce jeudi et annoncent d’ores et déjà une nouvelle manifestation dans une semaine, le 3 novembre, dans le cadre d’une action nationale, puis le 8 avec l’ensemble des professions de santé.