Une symétrie anormale des récepteurs de la lumière provoquerait, chez les dyslexiques, une image miroir que le cerveau ne serait pas en mesure de traiter. C’est ce que présentent comme une des causes de ce trouble deux scientifiques français qui ont reçu un prix de l’Académie Nationale de Médecine l’année dernière.

Et si la cause de la dyslexie se cachait dans les yeux ? C’est la thèse soutenue par deux physicien rennais, André Le Floch et Guy Roras, qui se sont vus décerner ce 15 décembre le prix de l’Académie Nationale de Médecine pour leurs travaux publiés en octobre 2017 dans la revue The Royal Society. Selon eux, c’est dans une zone de la rétine appelée fovéa que se situerait l’origine de ce trouble qui touche entre 5 et 15% des enfants d’une tranche d’âge handicapés par des difficultés d’apprentissage, notamment dans la lecture.

Des images miroirs entre lesquelles le cerveau ne peut pas choisir

C’est en examinant dans les yeux de minuscules récepteurs de la lumière, les centroïdes de la tâche de Maxwell, qu’ils ont découvert que ceux-ci, normalement asymétriques d’un oeil à l’autre, étaient identiques chez les personnes souffrant de dyslexie. Résultat, celles-ci ne possèdent pas ce que l’on appelle l’oeil directeur, celui que l’on utilise par exemple pour viser, ce qui entraîne la création d’images miroirs dans le cerveau et l’incapacité de ce dernier à choisir la bonne image.

L’intérêt majeur de cette découverte, au-delà de l’éclairage qu’elle apporte sur l’origine encore très discutée de ce trouble, c’est la possibilité d’un traitement. Les recherches de Le Floch et Roras les ont poussés à développer un système de lumière troboscopique capable de gommer l’image miroir et qui a été testé par plus de 200 personnes avec des résultats concluants dans 90% des cas.

Des améliorations chez certains patients

« Avec cette technique, certains patients ressentent des améliorations, d’autres pas, mais il faudra déterminer quelle est la part de ces dispositifs dans les progrès qu’ils enregistrent et, surtout, il sera nécessaire de réaliser des études scientifiques pour voir si cela fonctionne vraiment », jugeait récemment l’orthophoniste Rose-Marie Lirola, enseignante à l’université Pierre et Marie Curie à Paris.

Pour cette thérapeute qui explique la dyslexie comme « un lien qui ne marche pas entre un interrupteur et une lampe, l’interrupteur étant la lettre, la lampe la façon dont se prononce la lettre et le fil, le travail du cerveau dans la lecture », la dyslexie serait due à un phénomène se produisant au stade embryonnaire : une migration particulière des cellules dans le tube neural au moment de la formation des deux hémisphères du cerveau. « C’est un trouble du neuro-développement lié au dysfonctionnement de la « visual word form area », la partie du cerveau qui gère le lien entre l’image d’une lettre et sa signification ».

 

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