Chaque année qui commence est une promesse ou un espoir… Que ce qui fut bien soit encore mieux et que ce qui fut triste soit vite oublié.
Toute l’équipe d’e-orthophonie* vous souhaite une très belle année 2025, riche de vos réussites… et de votre entrée en 1ère année d’orthophonie !!! Ça sera déjà pas mal 😉.
Quels conseils aimeriez-vous avoir pour intégrer, vous aussi, un centre de formation en orthophonie (CFUO) ? Vous vous êtes posé de nombreuses fois la question. Comme chaque mois, toute l’équipe d’e-orthophonie* est heureuse de partager avec vous les astuces de nos étudiants qui ont brillamment réussi !
Ce mois-ci, c’est au tour d’Elise. Elle partage son expérience avec vous au détour de notre interview vérité. Découvrez son parcours et ses conseils pour réussir !
1ère partie : INFORMATIONS CONCERNANT ELISE
Année d’intégration d’un CFUO ? Septembre 2024
Combien d’années de tentatives ? 2 ans
Nombre de regroupements de CFUO demandé l’année de l’intégration ? Lesquels ? J’ai tenté 10 CFUO sur 5 regroupements : Montpellier, Marseille, Nice, Clermont-Ferrand, Lyon, Bordeaux, Limoges, Poitiers, Toulouse et Paris.
CFUO intégré ? J’ai intégré le CFUO de Montpellier
2ème partie : DURANT LA PREPARATION
Circonstances particulières durant l’année de préparation : bachelier ? fac en parallèle ? dans quelle filière ? en reconversion (de quel métier ou branche) ? J’ai fait 2 années de licence de sciences du langage en parallèle de la prépa e-orthophonie.
Prépa en présentiel effectuée (auparavant ou en parallèle) ? Non
Pourquoi avoir choisi une prépa en ligne et e-orthophonie*, en particulier ? J’ai choisi une prépa en ligne car je voulais être accompagnée et guidée afin de me préparer au mieux pour mon dossier Parcoursup et mes oraux d’admission. Le choix d’e-orthophonie c’est fait rapidement. J’ai fait mes recherches, le site était super clair et quand je les ai eu au téléphone, j’étais totalement convaincue.
Quelle était votre organisation de travail durant la préparation (par exemple, nombre de jours de travail par semaine, nombre d’heures de travail par jour, quels contenus vous a le plus servi…) ? En parallèle de la prépa, j’étais inscrite en licence de sciences du langage donc j’essayais de travailler dès que j’avais un moment entre les cours même si ce n’était pas long. Je préférais d’ailleurs travailler sur des courtes durées (environ 1h) mais être vraiment efficace. J’aurai du mal à vous dire combien d’heures je consacrais à la prépa mais je dirais que je travaillais en moyenne 2h par jour. Je travaillais moins le week-end car je rentrais voir ma famille et je faisais un peu plus d’heures la semaine. Les contenus que je préférais chez e-ortho c’était les vidéos explicatives sur différentes notions que ce soit l’orthographe, la grammaire ou le dossier. Je trouvais que c’était très clair, imagé et l’explication par des exemples fonctionnait très bien pour moi. De plus, les quizz, les concours blancs et oraux blancs nous permettaient de vraiment nous situer dans notre progression, de voir où on en était pour pouvoir travailler les notions à approfondir.
Qu’est-ce qui a été décisif dans votre préparation ? Les oraux blancs et les stages que j’ai effectués tout au long de ces 2 années de préparation, ont, je pense, été décisifs autant pour mon dossier Parcoursup que pour l’oral. D’ailleurs, je remercie vraiment e-ortho de nous avoir pousser un maximum à faire des stages et de nous donner les conventions.
Comment avez-vous choisi les CFUO (critères de sélection) ? Pour les 5 regroupements, j’ai choisi tous ceux du Sud de la France (Toulouse, Montpellier/Marseille/Nice, Aquitaine et Clermont/Lyon) pour le rapprochement familial. J’ai plus longuement hésité sur le choix du 5ème. La première année, j’avais mis le regroupement de la Bretagne pour toucher un maximum de CFUO. L’année suivante, j’avais mis Paris car c’est là où il y a le plus de places et il est relativement peu demandé. Je ne me voyais pas aller dans le Nord à cause de l’éloignement familial et du climat c’est pour cela que je n’ai pas postulé dans les autres CFUO. Le jour des résultats Parcoursup j’étais admise dans 3 CFUO, Montpellier, Marseille et Nice. J’ai choisi Montpellier pour le rapprochement familial essentiellement, mais le coût des logements est également plus faible que dans les deux autres villes.
Selon vous, que recherchent les jurés lors des oraux ? Les jurés veulent voir que l’on s’est intéressé au métier, aux études d’orthophonie et que l’on a une représentation claire de ce qu’est l’orthophonie. Ils veulent également tester nos capacités d’adaptation en posant des questions assez surprenantes parfois.
Qu’est-ce qui vous a le plus servi lors de la préparation aux oraux (entraînements personnels aux exercices et questions, oraux blancs…) ? Pour moi, il n’y a rien à dire concernant la préparation aux oraux chez e-orthophonie, c’est très complet, elle est parfaite ! Déjà la liste des questions types des oraux m’a été très utile, ça m’a permis de réfléchir aux réponses que je pourrais donner en posant des mots clairs dessus sans pour autant apprendre par cœur mes réponses. Ensuite, les différents exercices proposés étaient vraiment bien construits pour qu’on puisse travailler seul (notamment les rétentions enregistrées) et il y en avait dans tous les domaines. Pour finir, les oraux blancs ont été vraiment très importants, ils nous permettent de nous mettre en condition réelle, de mettre un point sur les exercices à retravailler, les tournures de phrases à changer lors de la présentation ou encore d’être plus pertinent et clair dans le message que l’on veut faire passer au jury car 10 minutes d’oral c’est très très court et ça peut être frustrant !
Après coup, quel était votre meilleur atout à l’oral ? Ma présentation ! J’ai dû la reprendre plusieurs fois pour la peaufiner mais ça a été mon réel atout. C’est dans celle-ci que j’ai pu vraiment montrer ma réelle motivation, tout mon cheminement jusqu’à l’orthophonie.
3e PARTIE : UNE FOIS LE CFUO INTEGRE
Combien suivez-vous d’heures de cours et TD en présentiel par semaine en moyenne ? L’emploi du temps n’est pas très chargé au CFUO de Montpellier jusqu’au mois de novembre et ça s’intensifie après jusqu’aux vacances de Noël. On a environ 16h de cours par semaine CM et TD confondus et pour le moment on n’a pas eu énormément de TD : on avait environ 3h de TD par semaine. On a eu essentiellement des TD en sciences du langage et sciences de l’éducation.
Quelles sont les périodes de cours et de vacances ? Pour le CFUO de Montpellier (petit tip pour l’oral, on y tient à Montpellier, on parle de Département Universitaire d’Orthophonie) on n’a pas de vacances à la Toussaint ni à Pâques. On a les deux semaines de vacances à Noël et une semaine en février après les partiels. On n’a également pas de cours en janvier car on est en stage en école primaire ou maternelle.
Quels points forts pouvez-vous évoquer par rapport au CFUO choisi ? des points faibles ? La taille de la promo est un point fort car ça nous permet d’avoir une bonne cohésion de classe. Une véritable entraide a été mise en place notamment par le biais de tutorat. En effet, nous avons un tuteur pour chaque matière et les étudiants qui se sentent en difficulté peuvent s’inscrire dans la matière pour laquelle ils ont besoin. Les points faibles du CF sont que les cours sont mal répartis sur le semestre, on a très peu de cours avant novembre et on se retrouve en décembre avec des journées très chargées. De plus, je pense que ce n’est pas spécifique à ce CFUO mais il y a un réel problème d’organisation entre l’administration et les professeurs, assez fréquemment des professeurs annulent les cours ou tout simplement ne viennent pas, sans prévenir.
Quels conseils pour bien aborder la 1ère année ? Quel est le temps de travail personnel (vous pouvez indiquer un nombre d’heures par semaine, par exemple) ? Je dirais qu’il faut travailler en moyenne minimum 2h par jour.
Comment organisez-vous votre temps de travail (relecture, lectures complémentaires…) ? Personnellement, à la fin de chaque journée, je remets mes cours au propre sur mon ordinateur puis je fais des fiches récapitulatives avec les notions importantes.
Y a-t-il des erreurs à éviter ? Oh oui, l’erreur la plus fréquente est de ne pas se mettre au travail dès le début de l’année. Le programme est dense, il faut commencer dès le premier jour !
Avez-vous des conseils à donner pour trouver un stage (école, structures, libéraux) ? Si oui, lesquels ? Je vous conseille vraiment de vous y prendre le plus tôt possible même pour un stage en école car l’inspecteur doit signer la convention de stage et ça peut être très long. Pour vous donner un ordre d’idée, l’école a envoyé ma convention à l’inspecteur il y a plus d’un mois et je n’ai toujours pas de réponse.
Pourriez-vous dire si le CFUO que vous avez choisi insiste davantage sur certains aspects (par exemple : neurologie, langue des signes…) ? A Montpellier, je dirais que la neurologie est bien mise en valeur car nos professeurs de neurologie travaillent à l’hôpital avec le Professeur Duffau qui a initié les chirurgies éveillées en France. On a donc un cours spécifique sur la chirurgie éveillée avec des vidéos qui nous montrent réellement ce qui se passe au bloc. De plus, en 3ème année nous pouvons assister à une chirurgie éveillée si on le souhaite.
Souhaitez-vous ajouter des informations qui vous semblent pertinentes et surtout essentielles à connaître pour les futurs étudiants en orthophonie ? C’est une formation très intéressante mais soyez prêt à avoir beaucoup de matières scientifiques, la plupart enseignées par des médecins qui sont également professeurs pour les étudiants en faculté de médecine, donc il faut s’accrocher ! Je vous rassure avec de la rigueur et du travail on y arrive sans problème ! Et surtout, faîtes confiance à toute l’équipe d’e-orthophonie, ce sont les meilleurs .
Merci à Elise, une belle personnalité, aussi simple et déterminée. Ce fut un plaisir de l’accompagner, d’avoir sa confiance et encore davantage de l’avoir vu réussir.
Nous avons recensé pour vous les modalités de sélection d’entrée en CFUO (Centre de Formation Universitaire en Orthophonie) 2024-2025. Toutes les échéances à respecter et les étapes à suivre sont ici. Bonne lecture 😉!
18 décembre 2024 : ouverture du site d’information de Parcoursup.
Il y aura toutes les informations sur le déroulement de la procédure sur Parcoursup.fr dès le 18/12/24. Vous pourrez découvrir les détails des épreuves d’admissibilité et d’admission pour intégrer un CFUO ainsi que les attendus.
Du 15 janvier au 13 mars 2025 : la phase d’admissibilité, déposer son dossier.
Dès le 15/01/25, vous pourrez vous inscrire sur Parcoursup et créer votre dossier. Vous formulerez alors vos voeux. Vous pourrez postuler jusqu’à 5 regroupements. Le jeudi 13 mars sera le dernier jour pour formuler vos voeux.
2 avril 2025 : dead line pour la finalisation de votre dossier.
Vous aurez jusqu’au 02/04/25 pour finaliser votre dossier avec les éléments demandés : ajouter les éléments à saisir en ligne dont le projet de formation motivé (lettre de motivation) pour chaque regroupement, déposer les documents attendus pour valoriser votre candidature… Attention, la confirmation des vœux se fait une fois que le dossier est bien complet ! Un voeu non confirmé n’est pas pris en compte.
23 avril 2025 : résultats d’admissibilité.
A compter du 23/04/25, vous allez recevoir les résultats d’admissibilité. Vous saurez si votre dossier Parcoursup a été sélectionné. Si vous êtes admissible, vous recevrez également une convocation pour passer les épreuves orales d’admission. Vous devrez vous reconnecter sur Candidatsafin de prendre rendez-vous. Un email vous sera envoyé pour vous en avertir.
29 mai 2025 : résultats d’admission (les réponses de Parcoursup).
A partir du 29/05/25, vous allez recevoir les réponses des CFUO auxquels vous avez postulé et vous saurez si vous êtes admis. Vous devrez alors vous reconnecter sur Candidats pour confirmer votre entrée en formation en 1ère année d’orthophonie dans le CFUO pour lequel vous avez réussi la sélection.
En 2025, le numerus clausus reste drastique. Seulement 1005 places sont réparties sur les 22 CFUO. Ces centres sont organisés en 11 « regroupements » :
Regroupement Amiens / Caen / Rouen
Regroupement Besançon / Nancy / Strasbourg
Regroupement Bordeaux / Limoges / Poitiers
Regroupement Brest / Nantes / Rennes
Regroupement Clermont-Ferrand / Lyon
Regroupement Marseille / Montpellier / Nice
Lille
Paris
Toulouse
Tours
Pointe-à-Pitre (Guadeloupe)
Les quota de places pour intégrer un CFUO demeure extrêmement faible alors que le nombre de candidats ne cesse d’augmenter : 30532 candidatures en 2024 pour 980 places. Cela représente un taux moyen d’admission de 3,21% (966 places en 2023 pour 29968 candidatures et un taux d’admission de 3,23%)
L’admission en école d’orthophonie reste une des plus sélective.
Pour chaque regroupement, les modalités de sélection sont identiques mais chaque CFUO a ses spécificités. Vous avez dans un premier temps une sélection sur dossier via Parcoursup, la phase d’admissibilité. Ensuite, si vous êtes admissible, c’est à dire si votre dossier a été sélectionné, vous recevez une convocation aux épreuves orales d’admission (entre fin avril et début mai). Voici le détail des modalités par regroupement :
En 2025, vous avez du 15 janvier au 13 mars pour vous inscrire sur Parcoursup, créer votre dossier et formuler vos voeux.
Après le 13 mars, vous ne pourrez plus modifier vos voeux mais vous aurez jusqu’au 02/04/25 pour finaliser votre dossier avec les pièces demandés : ajouter les éléments à saisir en ligne dont le projet de formation motivé (lettre de motivation) et les encadrés, déposer les documents attendus pour valoriser votre candidature…
Les épreuves orales d’admission auront lieu du 25 avril au 17 mai 2025 selon les CFUO. Si vous êtes sélectionné pour les oraux, vous devrez vous reconnecter sur Candidats afin de prendre rendez-vous. Un email vous sera envoyé pour vous en avertir.
Si vous n’avez pas été sélectionné l’année dernière ou si vous tentez votre chance pour la première fois, il est essentiel de bien vous préparer. Vous avez des questions sur les modalités d’admissibilité et d’admission ? Retrouvez l’intégralité de ces informations dans notre guide complet sur la sélection d’entrée en CFUO.
Être accompagné dans la préparation de vos oraux vous semble essentiel ? Vous aimeriez être encadré dans la conception de votre dossier Parcoursup ? Nous avons créé une formule sur mesure pour vous accompagner. N’attendez pas pour débutez votre préparation, vous pourrez dès maintenant accéder à votre première unité pédagogique.
Comment s’inscrire ? C’est juste ici 👇🏻
Nous espérons avoir répondu à toutes vos questions. Nous restons à votre disposition pour tout complément d’information, n’hésitez pas à contacter notre référent pédagogique.
Chaque mois, nous vous proposons de découvrir une pathologie prise en charge par les orthophonistes. Ce sont des notions essentielles à connaître pour vos oraux d’admission en CFUO . Ce mois-ci, nous vous présentons le bégaiement.
Le bégaiement est un trouble de la fluence, caractérisé par des répétitions de mots, de syllabes et de sons (phonèmes), par des prolongations de sons, des arrêts et des blocages qui donnent l’impression d’un effort. On retrouve fréquemment des facteurs génétiques, mais on parle surtout d’épigénétique puisque les facteurs génétiques ne font pas tout. Les facteurs environnementaux jouent un grand rôle : un trouble peut apparaître de façon génétique et disparaître si les facteurs de protection sont là ou rester si les facteurs de risque sont présents.
1. Comment le bégaiement apparaît-il ?
Le bégaiement apparaît de façon brutale dans un tiers des cas. Ce que l’on appelle brutale, c’est une apparition dans la semaine, alors que l’enfant ne bégayait pas la semaine précédente. Dans le reste des cas, l’apparition se fait de façon progressive, les parents ne savent pas toujours dater.
2. Comment différencier le bégaiement des hésitations normales d’un enfant qui apprend à parler ?
Beaucoup de parents se posent la question. La première différence est lorsque la communication n’est plus spontanée. Quand un enfant apprend à parler, il a des hésitations qui passent inaperçues car il ne met aucune pression, aucune tension dans son élocution, alors que chez l’enfant qui bégaie on entend qu’il force, qu’il pousse. Les parents peuvent aussi remarquer qu’il a des manifestations d’effort au niveau physique, d’autres fois ils peuvent sentir que quelque chose a rompu dans la communication naturelle.
Le deuxième critère qui en découle est que les parents remarquent qu’il y a quelque chose d’inhabituel. Au moindre doute, il faut emmener l’enfant chez son médecin, il saura dire s’il est nécessaire ou pas d’aller voir l’orthophoniste. Si l’enfant bégaie depuis 6 mois il faut aller consulter. Entre le démarrage du bégaiement et 6 mois, il peut y avoir une période de flottement durant laquelle les parents hésitent, au-delà il faut consulter sans plus attendre.
3. Plusieurs types de bégaiement
Il existe deux types de bégaiement :
Le bégaiement développemental transitoire (3 cas sur 4) : le bégaiement va partir spontanément d’ici l’adolescence. Donc on dira, que cet enfant présente un bégaiement transitoire parce qu’il est amené à disparaître.
Le bégaiement développemental persistant, ce sont les bégaiements qui restent à l’âge adulte.
Le bégaiement neurologique : c’est un bégaiement qui apparaît à l’âge adulte après un accident neurologique (AVC, choc neurologique). C’est un bégaiement très rare, le spécialiste veillera à se poser la question d’un antécédent de bégaiement dans l’enfance.
Cependant, il n’y a pas encore de moyen de savoir si l’enfant présente un bégaiement transitoire ou persistant. Or, comme le bégaiement est un trouble neuro-développemental, plus l’enfant bégaie, plus son cerveau apprend à bégayer (plasticité neuronale).
Récemment, des découvertes ont été faites au niveau de la génétique : de récentes études sont en train de repérer les gènes porteurs du bégaiement transitoire ou persistant. Le chromosome 9 serait responsable du bégaiement transitoire, tandis que le chromosome 15 serait responsable du persistant. Le but n’est pas de faire une recherche génétique sur les enfants qui bégaient mais cela permet de constater que si une personne de la famille présente un bégaiement adulte, dans le patrimoine génétique de l’enfant il y a plutôt du bégaiement persistant.
4. Comment se manifeste t-il ?
Dans les points les plus classiques et les plus connus :
Les répétitions que la personne fait quand elle parle. Cela peut être des répétitions de sons, de syllabes, ou de mots.
Des blocages : ils donnent une impression de silence.
Les prolongations : elles donnent l’impression que le son est étiré, une sorte de prolongement du même son.
À ces trois manifestations les plus classiques peuvent s’ajouter d’autres : des mots d’appui (« heu », « ben »), reprise de phrase depuis le début, des crispations du visage, des froncements des sourcils, contraction du pied… Il va y avoir des manifestations audibles et visibles qui peuvent être variables, d’une personne à l’autre. Mais « c’est la partie émergée de l’iceberg », car le bégaiement n’est pas uniquement ce que l’on entend ou que l’on voit. Dans la partie « immergée de l’iceberg », il y a toutes les manifestations en lien avec le ressenti du bégaiement : « à cause de mon bégaiement, j’ai des sentiments réactionnels de colère, de honte, de gêne, de frustration », ou encore « du fait de mon bégaiement, j’ai peur de bégayer, je pense que je vais bégayer dans cette situation ». Certaines personnes vont alors préférer ne pas parler au téléphone, ne pas prendre la parole en public ou d’autres qui mettent en place des stratégies d’évitement : remplacement de mot, parler avec un faux accent… Les personnes se retrouvent limitées dans les situations de communication, elles perdent alors la spontanéité de leur parole et le risque de perdre la capacité de dire qui on est, ce que l’on a envie de dire. Cette partie que l’on ne peut pas voir est la plus douloureuse pour la personne qui bégaie, c’est cette partie qui place la personne en situation de handicap.
5. Peut-il y avoir des situations, des émotions qui favorisent le bégaiement ?
Oui, mais c’est très dépendant de la personne. Comme tout le monde, toute situation qui génère du stress va majorer le bégaiement. Le stress, la fatigue, ou l’excitation, les émotions fortes ont tendance à majorer le bégaiement. Pendant longtemps, il a été pensé que le bégaiement était causé par les émotions, qu’il était psychologique. Le bégaiement n’est pas psychologique, c’est un trouble neurodéveloppemental, sensoriel et moteur.
6. Quelles en sont les causes ?
Si plusieurs causes ont été trouvées, il n’est pas encore possible de dire pourquoi un enfant s’est mis à bégayer. Pour expliquer l’apparition d’un bégaiement, il y a trois groupes de facteurs :
Des facteurs qui prédisposent, c’est le terrain du bégaiement : il est neurologique, génétique, laryngé, psycho-linguistique. Ce sont les conditions de base, sans lesquelles il ne peut pas y avoir de bégaiement.
Des facteurs déclenchant : un événement perçu par l’enfant ou pour l’entourage comme étant psychologique (exemple de l’entrée à l’école). S’il n’y avait pas le terrain de base, cet événement ne peut pas créer un bégaiement.
Des facteurs qui pérennisent le trouble : des conditions tendues à la maison, des communications peu adaptées, une exigence que l’enfant se met lui-même.
7. Quels sont les traitements, les thérapies mises en place ?
Soigner un bégaiement durant l’enfance est tout à fait possible. La seule condition est qu’il faut une prise en charge rapide. Si l’enfant bégaie depuis plus d’un an, les chances de traiter totalement son bégaiement diminuent. L’orthophoniste basera son travail sur une démarche EBP (evidence-based practice) en recherchant des techniques dont l’efficacité a été prouvées à travers différentes études scientifiques. Or, pour l’enfant comme pour l’adulte, ce qui a été prouvé, c’est qu’il est nécessaire de travailler sur deux directions : la fluence, donc « la partie émergée de l’iceberg », et en même temps sur les conditions de communication.
Chez l’enfant : il y a un travail sur la fluence, par exemple à travers le programme Lidcombe, qui apprend à formuler des commentaires sur la parole de l’enfant pendant un temps spécial journalier, associé à un parcours d’éducation thérapeutique du parent. Le parent doit apprendre à adapter sa communication à son enfant. Les parents sont partis prenante du traitement. Il faut donner le moyen à ceux qui sont dans la communication de l’enfant, de l’aider à modifier sa communication au quotidien. Chez l’enfant, les progrès sont rapides, ils s’entendent dans les 6 mois, et l’on vise généralement une sortie du bégaiement entre un an et un an et demi.
Chez l’adulte : ce travail selon deux directions est aussi indiqué. Il y a différents programmes connus pour leur efficacité :
programmes de modulation de la parole,
ralentissement de la parole,
articuler davantage,
hypoarticuler le premier son.
Ces programmes sont à associer à un traitement des conditions de communication, des stratégies d’évitement et à un travail d’acceptation du bégaiement. Chez l’adulte et l’adolescent, le bégaiement est de fait persistant. Les programmes seront donc plus longs, de plusieurs mois à plusieurs années selon les patients. L’objectif n’est pas le même, il est d’améliorer la parole et le vivre bègue. Si la sortie n’est pas complète ou définitive, le travail avec un orthophoniste améliore la qualité de vie, les personnes ne sont plus en souffrance.