Chaque mois, nous vous proposons de découvrir une pathologie prise en charge par les orthophonistes. Ce sont des notions essentielles à connaître pour vos oraux d’admission en CFUO ⁣⁣😉. Ce mois-ci, nous vous présentons la dyslexie.

On estime qu’entre 4 et 5 % des élèves d’une classe d’âge sont dyslexiques. Quels symptômes doivent alerter les parents ? A quel âge diagnostique-t-on une dyslexie ? Comment rééduquer ? Toutes les réponses d’Hélène Dubois, orthophoniste.

  • La dyslexie phonologique : « Elle se caractérise par des difficultés au niveau de la voie d’assemblage, de la conversion graphèmes-phonèmes, du découpage et du décodage des mots », détaille l’orthophoniste.
  • La dyslexie de surface : « Elle concerne la voie lexicale avec des problèmes pour mémoriser la forme orthographique des mots. Il s’agit donc de difficultés à mémoriser et à évoquer les photographies des mots dans leur globalité. L’élève est donc obligé de passer par la voie d’assemblage, syllabe par syllabe, ce qui rend la lecture saccadée, laborieuse et souvent inefficace », explique Hélène Dubois.
  • La dyslexie mixte : comme son nom l’indique c’est un mélange des deux types précédents et c’est la forme la plus fréquente.
  • La dyslexie visuo-attentionnelle : « Elle serait liée à un manque d’efficacité du balayage visuel nécessaire à la lecture. L’enfant oublie un mot, saute une ligne, rencontre des difficultés pour lire un texte, précise l’orthophoniste. Dans ce cas, le recours à un orthoptiste s’avère utile. »

Quels sont les symptômes à repérer chez l’enfant ?

On ne peut pas parler de dyslexie avant deux ans d’apprentissage de la lecture, mais des signes d’alerte peuvent être repérés avant l’âge de 6 ans :

  • des difficultés à répéter les mots ;
  • des difficultés à retenir les sons ;
  • des problèmes pour enfiler son manteau ou tout autre vêtement ;
  • des difficultés pour mettre ses chaussures ;
  • une latéralisation tardive ou difficile ;
  • des difficultés de repérage dans le temps ;
  • des difficultés pour apprendre les lettres de l’alphabet ;
  • tous les prérequis à acquérir avant le Cours Préparatoire (CP) comme le repérage de silhouettes.

Les signes de dyslexie à partir du CP (6 ans)

  • Des difficultés dans la correspondance lettres et sons.
  • Des confusions auditives de certains sons : pe/be, te/de, que/gue, se/je, fe/ve…
  • Des confusions visuelles entre le b et le d, le p et le q, le m et le n.
  • Des inversions de syllabes : volé à la place de vélo par exemple.
  • Un oubli de syllabes dans un mot : pantalon devient panlon par exemple.
  • Des difficultés à segmenter les mots.
  • Des problèmes pour retenir les jours de la semaine.
  • Des difficultés de compréhension.

Les signes de dyslexie à partir du CE2 (8 ans)

  • Des erreurs au niveau de l’orthographe des mots. L’enfant écrira le même mot dans un paragraphe mais de façons différentes : par exemple éléphant puis éléfant.
  • Une lenteur dans la lecture ou une lecture hachée.
  • Des problèmes au niveau de la conjugaison.
  • Une écriture lente avec un graphisme illisible, pas soigné, des lignes d’écriture non alignées dans le cahier.
  • Des difficultés pour retenir les tables de multiplication.

 

 

A quel âge se fait le diagnostic de dyslexie ?

« Le diagnostic de dyslexie ne se fait pas avant l’âge de 7 à 8 ans afin que l’enfant ait le temps d’entrer dans le langage écrit, précise l’orthophoniste. Et il faut qu’il y ait une combinaison de plusieurs types d’erreurs qui perdurent dans le temps, malgré l’aide apportée par le professeur des écoles de l’enfant. »

Comment diagnostique-t-on une dyslexie ?

Le diagnostic de dyslexie est posé par l’orthophoniste après la réalisation d’un bilan. Ce dernier est long.  « Effectivement, on réalise d’abord l’anamnèse, c’est-à-dire l’ensemble des renseignements nécessaires pour évaluer la dyslexie de l’enfant. Puis on apprécie la lecture, la transcription, les conversions phonèmes-graphèmes, l’orthographe, la mémoire auditivevisuelle… »

La réalisation du bilan peut être fatigante pour l’enfant. C’est pourquoi, il peut nécessiter deux séances.

Des examens complémentaires

Outre le bilan orthophonique, des examens complémentaires peuvent être demandés. « Un bilan ORL est systématique pour dépister une éventuelle surdité, ou une otite séreuse. Le bilan orthoptique peut être nécessaire en cas de dyslexie visuo-attentionnelle », complète Hélène Dubois.

Comment “soigner” une dyslexie ?

La dyslexie ne se soigne pas, elle se rééduque par la pratique de divers exercices.

Les différents exercices de rééducation proposés

  • Reconnaissance des sons.
  • Utilisation de la méthode Alpha en cas de difficultés réelles à reconnaître les lettres (chaque lettre a la forme d’un personnage et ce dernier fait partie d’un conte).
  • Jeu de rimes.
  • Jeu des syllabes (on retire une syllabe à un mot, que reste-t-il ?).
  • Lotos sonores destinés à entraîner la discrimination auditive.
  • Travail sur les confusions sonores, à l’oral dans un premier temps puis à l’écrit.
  • Utilisation de la méthode gestuelle Borel-Maisonny par exemple qui associe à chaque phonème un geste unique (le son o est associé au geste d’un rond fait de la main).
  • Exercices de lecture flash (lecture sur ordinateur de lettres, puis de syllabes et de mots).
  • Travail de lecture avec la méthode Hapili, qui associe sons et couleurs ou avec des livres tels que Domino le chat, Oscar le canard.
  • Exercices de lecture ‘mange lettres’ pour entraîner à la vitesse de lecture.
  • Jeux de pendus, de mots mêlés, de mots cachés, de textes à trous pour travailler le lexique orthographique.
  • Dictées à trous

Combien de séances ?

« La première ordonnance comporte 30 séances, avec un renouvellement possible de 20 séances, précise l’orthophoniste. Mais, en général, la rééducation, sur 50 séances, ne suffit pas à compenser une dyslexie.»

Il faut compter plusieurs années de rééducation. « Cette dernière peut s’arrêter au collège si la dyslexie a été bien compensée, propose Mme Dubois.  Toutefois, il faudra revoir ponctuellement l’orthophoniste pour les bilans ‘tiers temps’ du Brevet des Collège, du baccalauréat et pour les partiels en faculté. »

Les séances d’orthophonie sont prises en charge par l’Assurance maladie à hauteur de 60 %, le complément pouvant être remboursé par les mutuelles.

Bon à savoir : la demande de tiers temps se fait par les parents auprès de Maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH). Le formulaire est complété par le médecin scolaire et par l’orthophoniste qui fournit le bilan réalisé.

Quelles aides peuvent apporter les parents ?

Les parents doivent se montrer patients, tolérants, ne pas mettre de pression sur leur enfant.

« Ensuite, au tout début de l’apprentissage de la lecture, les parents peuvent lire des histoires à leur enfant en indiquant les syllabes avec leur doigt, en faisant des pauses entre chaque mot pour que l’enfant comprenne comment la phrase est segmentée, propose l’orthophoniste. Ensuite, ils peuvent lire à deux un livre choisi par l’enfant, chacun lisant une phrase ou une page à tour de rôle. Pour vérifier que l’enfant a bien compris le texte, les parents peuvent lui poser des questions fermées ou précises après chaque page lue : comment s’appelle le ou les personnages ? Où se passe l’histoire ? »

Il est important que, malgré sa dyslexie, l’enfant conserve une motivation pour la lecture. Au fil des séances, il acquerra des moyens mnémotechniques qui l’aideront. Mais il faut qu’il soit encouragé et soutenu par ses parents.

 

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