Inversion des syllabes, paroles indistinctes, construction des phrases défaillantes… la dysphasie est un trouble du langage oral spécifique qui touche 2 % à 8 % des enfants de la population française. Pour améliorer leur prise en charge, une équipe de chercheurs de Prague a observé dans quelles mesures la présence d’un chien pendant les séances de rééducation orthophonique pouvait agir sur les progrès de l’enfant. Retour sur les résultats surprenants de ces travaux.

Le chien : un médiateur qui apaise les enfants souffrant de trouble du langage notamment

La dysphasie est un trouble du langage entraînant une déficience de la communication (expression et compréhension) et les enfants atteints de ce trouble suivent une rééducation orthophonique très longue. En complément de cette orthophonie conventionnelle, il est possible d’intégrer une thérapie complémentaire dans laquelle l’orthophoniste est assistée par un animal, et notamment un chien. Dans cette étude, l’équipe de Kristýna Machov, une spécialiste en éthologie (science des comportements des espèces animales) de l’université de Prague (République Tchèque), a tout d’abord réuni 69 enfants (52 garçons et 17 filles) âgés de 4 à 7 ans et diagnostiqués dysphasiques. Les chercheurs ont constitué deux groupes : le groupe expérimental et le groupe témoin. Le groupe témoin a reçu une orthophonie traditionnelle tandis que le groupe expérimental a suivi des séances d’orthophonie assistée par une chienne (race : nu du Pérou) âgée de 5 ans. Ici, le travail d’orthophonie était entrecoupé de moments de relation avec le chien dans lesquels les enfants le touchaient ou lui racontaient des histoires. L’enfant pouvait également donner des ordres au chien comme assis, debout, couché en s’attachant à prononcer correctement le mot afin de se faire comprendre. En plus, des exercices physiques autour et avec le chien (ramper, passer par-dessus le chien) étaient également mis en place. Deux tests ont été réalisés sur les enfants : le test de Kwint-Stambak permettant d’évaluer la motricité faciale et celui de Bruininks-Oseretsky qui mesure les compétences motrices de l’enfant.

À savoir ! Le test de Kwint-Stambak (KS) est un test psychomoteur qui permet d’évaluer la motricité fine des muscles du visage (coordination faciale). Le test de Bruininks-Oseretsky est utilisé pour évaluer la motricité globale et fine.

Dix mois après le début de l’expérience, les résultats de ces deux tests étaient améliorés significativement dans le groupe expérimental en comparaison avec le groupe témoin.

Pour les chercheurs, l’animal permet :

  • D’apaiser la relation de l’enfant avec l’orthophoniste,
  • De créer un support de séance interactif et amical,
  • De stimuler la motivation des enfants à bien articuler et prononcer les mots,
  • De faire prendre conscience à l’enfant que d’autres modes de communication existent (verbal, mimiques, gestuelle, etc.),
  • De détendre l’atmosphère de la séance d’orthophonie,
  • De réduire la souffrance psychologique ressentie car le trouble du langage empêche l’enfant de communiquer comme il le souhaiterait.

En France, même si la médiation animale est utilisée par quelques orthophonistes, elle ne fait pas encore partie des outils recommandés par la Haute autorité de santé (HAS).

 

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