Les élèves réclament une meilleure reconnaissance de leur qualification. En jeu : endiguer l’érosion des salariés vers le libéral afin de défendre l’accès à la formation et aux soins.

Entretien avec Louise Catteau et Émilie Delaisement, élèves en deuxième année d’orthophonie, coprésidentes de l’Association nantaise des futurs orthophonistes.

Cette journée de mobilisation n’est pas la première…

Tous les ans, étudiants et professionnels se mobilisent. Au centre de nos revendications : être reconnus, au niveau salaire, à hauteur de notre formation.  Depuis 1986, notre diplôme est reconnu à bac + 2. Or en 2013, on est passé de quatre à cinq ans d’études, grade de master. On pensait qu’on serait reconnu à ce niveau. Ce n’est pas ce qui s’est fait. Même si un décret nous promet une reconnaissance à bac + 3. On devait être revalorisé en janvier 2018. Finalement ce sera en deux tranches, en 2019, puis en 2020.

Quels sont les salaires de la profession ?

1 200 € et 2 100 € en fin de carrière… Pour intégrer la formation, on passe par un concours d’entrée : à Nantes, c’est 1 700 candidats pour 45 places. Ensuite, on suit cinq années d’études très diversifiées, avec des statistiques, de la gériatrie, de la pédiatrie, de la pharmacologie, des sciences du langage, de la psychologie, de la neurologie. Notre profession comporte 97 % de femmes. On peut se demander si cela ne joue pas sur la grille salariale…

Les revenus ne sont pas les mêmes en libéral…

Non. C’est bien pour ça qu’une grande majorité se tourne vers le libéral. Historiquement, 80 % de la profession était dans l’hospitalier. Mais pour les salariés, la situation se dégrade tellement… Aujourd’hui, en France il y a l’équivalent de 950 équivalents temps plein qui opèrent en millieu hospitalier.

Votre mobilisation porte officiellement sur « la défense de l’accès à la formation et aux soins en orthophonie pour tous les patients ».

Notre profession manque de visibilité pour les médecins. Alors qu’une orthophoniste intervient auprès des enfants qui viennent de naître, des prématurés, des enfants, des adultes souffrant de maladies génétiques, des personnes âgées atteintes d’Alzheimer, Parkinson… Cela pose problème au patient quand il a besoin d’une prise en charge immédiate. Quand il n’y a pas d’orthophoniste tout de suite, la rééducation prend plus de temps. Parallèlement, les libéraux sont surchargés. Ce qui se répercute sur la qualité de soin. Côté formation, 50 % de stages sont à faire en structure et dans les hôpitaux. Compte tenu de la faiblesse des effectifs, les stages sont souvent par défaut, idem pour les mémoires des quatrième et cinquième années. En général, l’orthophoniste reste trois ans maximum en salariat. Ce qui nous pose des problèmes puisqu’il ne peut prendre de stagiaire qu’à partir de trois ans d’exercice. On se retrouve sans maître de stage à l’hôpital. Sans parler des profs, qui doivent avoir cinq ans d’exercice.

e-orthophonie*

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