- mar. juin 23, 2020 1:20 pm
#18048
Voici les conclusions d'une étude rappelant combien la musique est un outil de choix dans la remédiation orthophonique.
"Les capacités de perception du langage sont amplifiées par la pratique de la musique, ont découvert Robert Zatorre et ses collègues de l’université de Montréal.
Ces neuroscientifiques ont placé des volontaires musiciens et non musiciens dans une IRM pendant qu’on leur faisait écouter des suites de syllabes progressivement noyées dans un bruit de fond qui en brouillait la perception, exactement comme dans un restaurant ou une salle de fête bondée. Dans ces conditions, ils ont constaté que les musiciens distinguaient mieux les syllabes que les non musiciens.Une capacité due au fait que leur oreille et toute la partie du cerveau qui traite les sons sont exercés jour après jour à distinguer des hauteurs sonores parfois très voisines, et à faire la différence entre les différentes voix d’une partition, lorsque plusieurs instruments jouent ensemble.
Dans le cerveau des musiciens, la capacité supérieure de perception du langage se manifeste de trois façons.
D’abord, les musiciens entendent mieux au sens propre : leur cortex auditif continue de coder sous forme d’influx électriques caractéristiques les phonèmes dans un environnement brouillé.
Deuxième effet : leur aire de Broca, qui sert normalement à parler, s’active plus fort. Cela peut paraître surprenant, mais lorsque nous écoutons notre interlocuteur, notre aire du langage fonctionne, que nous le voulions ou non. C’est un peu comme si nous parlions nous-mêmes. Cette mise en action motrice de notre bouche et de notre langue nous permet de faire des prédictions sur les mots qui vont suivre, car nous disposons de séquences motrices automatiques habituées à faire par exemple “dable” après “formi”. Cela nous aide à entendre le phonème “dable” quand nous y sommes préparés par l’écoute du phonème “formi”. Mais pour que cela fonctionne, il faut que l’aire de Broca transmette de telles prédictions au cortex auditif qui entend ce que dit l’autre.
Et c’est le troisième effet observé chez les musiciens : la connexion entre les régions auditives et motrices est renforcée, à la fois au sein d’un même hémisphère cérébral et d’un hémisphère à l’autre.
Cela se comprend si l’on pense que les musiciens sont habitués à produire des sons et à affiner leur émission sonore par un contrôle très précis des zones motrices de leur cerveau. Or l’aire de Broca, même si elle n’est pas identique aux zones motrices qui commandent par exemple les mouvements des doigts chez un pianiste, est sous le contrôle de centres de commande moteurs communs. Ce qui explique peut-être l’effet observé. En tout cas, la pratique de la musique bénéficie au langage, ce que résumait Charles Baudelaire en disant que la poésie était “de la musique avant toute chose”."
Pour aller plus loin : https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/neuro ... -12798.php
"Les capacités de perception du langage sont amplifiées par la pratique de la musique, ont découvert Robert Zatorre et ses collègues de l’université de Montréal.
Ces neuroscientifiques ont placé des volontaires musiciens et non musiciens dans une IRM pendant qu’on leur faisait écouter des suites de syllabes progressivement noyées dans un bruit de fond qui en brouillait la perception, exactement comme dans un restaurant ou une salle de fête bondée. Dans ces conditions, ils ont constaté que les musiciens distinguaient mieux les syllabes que les non musiciens.Une capacité due au fait que leur oreille et toute la partie du cerveau qui traite les sons sont exercés jour après jour à distinguer des hauteurs sonores parfois très voisines, et à faire la différence entre les différentes voix d’une partition, lorsque plusieurs instruments jouent ensemble.
Dans le cerveau des musiciens, la capacité supérieure de perception du langage se manifeste de trois façons.
D’abord, les musiciens entendent mieux au sens propre : leur cortex auditif continue de coder sous forme d’influx électriques caractéristiques les phonèmes dans un environnement brouillé.
Deuxième effet : leur aire de Broca, qui sert normalement à parler, s’active plus fort. Cela peut paraître surprenant, mais lorsque nous écoutons notre interlocuteur, notre aire du langage fonctionne, que nous le voulions ou non. C’est un peu comme si nous parlions nous-mêmes. Cette mise en action motrice de notre bouche et de notre langue nous permet de faire des prédictions sur les mots qui vont suivre, car nous disposons de séquences motrices automatiques habituées à faire par exemple “dable” après “formi”. Cela nous aide à entendre le phonème “dable” quand nous y sommes préparés par l’écoute du phonème “formi”. Mais pour que cela fonctionne, il faut que l’aire de Broca transmette de telles prédictions au cortex auditif qui entend ce que dit l’autre.
Et c’est le troisième effet observé chez les musiciens : la connexion entre les régions auditives et motrices est renforcée, à la fois au sein d’un même hémisphère cérébral et d’un hémisphère à l’autre.
Cela se comprend si l’on pense que les musiciens sont habitués à produire des sons et à affiner leur émission sonore par un contrôle très précis des zones motrices de leur cerveau. Or l’aire de Broca, même si elle n’est pas identique aux zones motrices qui commandent par exemple les mouvements des doigts chez un pianiste, est sous le contrôle de centres de commande moteurs communs. Ce qui explique peut-être l’effet observé. En tout cas, la pratique de la musique bénéficie au langage, ce que résumait Charles Baudelaire en disant que la poésie était “de la musique avant toute chose”."
Pour aller plus loin : https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/neuro ... -12798.php